Eyes wide shut

J'ai eu ma première paire de lunette en primaire.
En CE2 peut-être. Je les ai demandées "pour faire comme les copines" et PAF, on m'a diagnostiquée "Super mais pas trop". Ah non c'est pas ça. Ah oui, hypermétrope. Je voyais pas bien de près quoi.
Six mois de port de lunettes ont arrangé ça vite fait bien fait.

Puis au collège, j'ai eu droit à astigmatie, je mettais un temps à faire la netteté quand je levais mon nez de mon cahier vers le tableau, le feutre rouge ou vert sur tableau blanc était signe pour moi de recopiage sur la voisine... Bon, ok. Re lunettes.

Pas très appliquée, je ne les mettais que quand j'étais dans le fond de la classe, ou vraiment fatiguée. J'étais déjà cataloguée d'intello, fallait pas non plus tendre la perche.
J'ai vaguement porté mes lunettes donc quelques jours par moi de la 3ème à la 2nde. Puis j'ai décidé de les oublier à la maison pour de bon.

Grave erreur!
Mon soucis de feutre sur tableau s'est installé et en 1ère, j'ai du reconsulter, myope qu'on m'a dit.
"Ah? Zêtes sûr? C'est pas cool ça, veux pas être bigleuse comme papa et maman, moi!
-Si.
-Bon.
-Mais c'est très léger, portez les quand vous êtes en classe, quand vous sollicitez vos yeux, c'est tout.
-Ah, ouf."

J'ai commencé à les porter tous les jours quand j'ai intégré l'école de maquillage à Paris. En stressée du sens de l'orientation, j'avais peur de me perdre et de pas voir les panneaux, d'où les lunettes 5 jours sur 7. Et depuis je ne les ai pratiquement pas lachées.
Je ne les oubliais que lors de trajets ultra familiers, ou pour rester à la maison. Autrement, la moindre sortie était synonyme de lunettes.

Quand j'ai fait une visite pour changer de lunette juste avant mon départ en Australie, j'ai même été couverte de compliments!
"Elles ne sont même pas rayées, on dirait des neuves, et puis c'est super, votre vision n'a pas bougé d'un dizième!"

Je suis donc partie à la conquète de l'hémisphère sud les yeux fermés (mouahaha).

Et puis j'ai trouvé un travail au mois d'octobre. Dans la restauration. Comprenez "les mains dans la bouffes, lunettes vite crassouillées". En grosse flemmarde que je suis, j'en avais marre de les nettoyer toutes les 3 heures, j'ai donc décidé de les laisser à la maison pour travailler.

Et l'habitude faisant, je les oubliai un peu tout court.

Et c'est là que le bas blesse.
Tout d'abord parce que j'ai l'impression que ma vue de loin s'est empirée, notamment le temps d'auto-focus, mais aussi OH MON DIEU, j'ai perdu de la vision de près!!
Tout ce qui se trouve plus près que 15cm de mon visage est flou! Et mon oeil droit est pire que le gauche, à 2m50 les choses se floutisent pour 3m50 pour l'oeil gauche.
Alors me voilà triste, je me sens vieille et me demande dans combien de semaines je vais être aveugle...
Nan, bon ptet pas à ce point là mais il faut bien avouer que c'est perturbant.

Moi qui me vantait malgré ma myopie d'avoir une vision de près parfaite et précise...

D'où une envie apparue lors de mon premier diagnostique qui refait surface de plus en plus intense: me faire opérer.
Je pense que je ne me renseignerais plus (documentez vous sur la chirurgie occulaire et dites moi que vous n'êtes pas rebuté après..), je sais ce qu'il en est, de retour en france je demanderais juste au médecin de me dire si je suis éligible à l'opération ou non et si oui de me donner une date en oubliant de me dire comment ça va se passer, et j'y passerais.

Passer quelques jours dans le flou total pour redécouvrir le monde en net, moi je dis, ça vaut le coup.